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dimanche 19 février 2017

De l'utopie moderne à la dystopie postmoderne / From modern utopia to postmodern dystopia


The modern utopia was based upon the philosophy of Enlightenment. It was admitted that Reason would guide the world towards the technical and moral progress. During the XXth century, the advent of totalitarian regimes contributed to dismiss this optimistic vision. Still, the reconstruction of democracy after the Second World war fueled the hope of a better future. The welfare state, which was built in Europe, ensuring liberty, equality and fraternity among the citizens, appeared, to a large extent, as the fulfillment of the modern utopia. The fall of the former USSR seemed to provide the confirmation that such an ideal would be accepted by the whole world. 
Unfortunately, this modern utopia was replaced by another one, the neoliberal postmodern utopiaThe postmodern vision excludes any constructive thinking. There are no foundations or absolute values. Everything is relative. This postmodern vision is in accordance with neoliberalism, which rejects any regulating principle. Whereas classical liberalism accepted a reciprocity no-harm principle, neoliberalism relies only  upon power relations, assuming a Darwinian logic of competition, leading to the hegemony of the winner. Competition is supposed to be more efficient than cooperation, as it gives the power to the stronger. No regulation can interfere with the Market, which is supposed to lead to the only acceptable optimum .This logic applies to the relations between nations, which are governed by the economic or military power. Military interventions are just an extension of financial wars. Thus, major issues such as the prevention of global warming, biodiversity, poverty, unemployment cannot be correctly addressed. Sustainable development is incompatible with such a system. Furthermore, geopolitical tensions which result from this policy prevent international cooperation. 
This flat world, devoid of meaning and vision for the future, is now falling apart, but it is still difficult to know whether the present turmoil is leading us to a disaster or some kind of renewal.

L'utopie moderne était fondée sur les Lumières. La Raison allait guider le Monde vers le progrès technique et moral, ainsi que « la destruction de l’inégalité entre nations, les progrès de l’égalité dans un même peuple, enfin le perfectionnement réel de l’homme », comme l’annonçait Condorcet. Les régimes totalitaires, qui ont imposé leur marque au XXsiècle, ont apporté un cruel démenti à cette vision optimiste. Toutefois, la reconstruction de la démocratie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale laissait espérer un avenir meilleur. L'Etat-providence, tel qu'il a été construit en Europe, veillant à préserver la liberté, l'égalité et la fraternité entre les citoyens, pouvait apparaître comme l'incarnation de l'utopie moderne. La chute de l'URSS semblait annoncer l'extension de cet idéal à la Terre entière.
Malheureusement, à cette utopie moderne s'est substituée, une autre utopie, l'utopie postmoderne. Selon la vision postmoderne, il n'existe plus de fondement valable, ni de sens dans un monde entièrement contingent. Toute création n'est que simulacre, qu'il importe de déconstruire pour ne pas tomber dans l'illusion. Tout n'est que relatif et aucune échelle de valeurs n'est préférable à une autre. Cette vision s'accorde avec le néolibéralisme. Alors que le libéralisme classique se référait encore à un principe humaniste de réciprocité, le néolibéralisme est fondé sur des rapports de force et une compétition systématique entre tous. 

Le libéralisme classique  affiche l’objectif utilitariste de créer le bonheur de tous et admet le principe de non-nuisance défendu par le philosophe et économiste John Stuart Mill. Il admet les choix démocratiques, la liberté d’expression, la séparation des pouvoirs, la protection sociale et le droit du travail. L’État libéral se veut l’aboutissement du projet moderne de création d’une société libérée de toutes les formes de tyrannie et permettant à chacun de s’épanouir pleinement. Le néolibéralisme, au contraire, n’admet aucun principe fondateur en dehors des rapports de force du Marché. Au nom d’un principe de réalisme, il se place dans une logique darwinienne de compétition, d’où ne sort qu’un vainqueur. La compétition prime sur la coopération, car elle consacre la victoire du meilleur. Aucune réglementation ne doit contrecarrer les arbitrages du Marché, qui sont censés conduire à l’optimum économique. Cette logique relève d’une postmodernité, qui ne reconnaît plus aucun fondement. L’idéologie néolibérale se considère elle-même comme la seule référence acceptable, détentrice de toutes les valeurs. De ce fait, il est indispensable de lui faire allégeance pour pouvoir être admis comme acteur sur le Marché global. La logique du rapport de force ne se limite pas au domaine économique, mais concerne également les relations entre nations. Elle se traduit par des guerres menées à tous les niveaux, sur le plan militaire, mais également économique, monétaire et financier. Les interventions militaires sont conçues comme un prolongement de la guerre financière et vice-versa. La force et le droit se confondent.
De ce fait, les grandes questions qui concernent l’environnement, le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la pollution de l’eau et de l’air, même si elles sont mieux perçues, ne sont toujours pas résolues. L’horizon du développement durable, qui semblait apporter un début de réponse à ces questions, est obscurci par les nuages de tensions internationales oppressantes. Les interventions militaires et les actes terroristes s’enchaînent sans répit. L’idée que le monde pourrait s’embraser à nouveau revient avec insistance. Les migrations massives qui étaient encore naguère une simple fiction deviennent une tragique réalité. 
Ce monde plat, privé de sens et de vision d'avenir, est à présent en train de craquer de toutes parts, sans qu'il soit encore possible de savoir si les ébranlements actuels nous mènent à la catastrophe, ou au contraire à une forme de renouveau.

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